Recharger sa voiture électrique gratuitement, est-ce encore possible en 2025 ? Oui, mais ce n’est ni illimité, ni garanti partout. Entre la fin progressive des bornes 100 % gratuites et la montée en puissance des réseaux payants, il devient utile de connaître précisément où chercher, quelles offres saisir… et ce que la loi autorise (ou pas).
Dans cet article, on fait le point sur les options réellement disponibles en France : bornes publiques, enseignes de la grande distribution, parkings, entreprises. Avec à chaque fois les conditions, les limites, et quelques astuces pour réduire au maximum le coût de vos recharges, sans jamais sortir de la légalité.
Ce que dit la loi sur la recharge « gratuite »
Avant de parler bons plans, il est utile de rappeler le cadre légal. En France, rien n’interdit à une collectivité, une entreprise ou un commerçant de proposer la recharge gratuite d’un véhicule électrique. Mais plusieurs règles s’appliquent :
- La gratuité est un choix commercial ou politique : aucune obligation générale de proposer des bornes gratuites. Certaines collectivités l’ont fait pour encourager l’électromobilité, mais reviennent progressivement vers des offres payantes.
- La facturation doit être transparente : lorsqu’il y a un prix, il doit être clairement indiqué (au kWh, au temps de charge, ou à l’acte).
- Les bornes doivent être accessibles sans discrimination : si une enseigne réserve la recharge gratuite à ses clients, elle doit le préciser dans ses conditions d’utilisation (ticket de caisse minimum, carte de fidélité, etc.).
- La revente d’électricité est encadrée : un particulier ne peut pas « revendre » légalement de l’électricité sans cadre adapté. C’est pour cela que les solutions type « partage de prise » entre voisins restent rares et encadrées par des plateformes spécialisées.
En pratique, la recharge gratuite est donc surtout une opération d’attractivité (pour un magasin), un service de transition (pour une collectivité) ou un avantage en nature (pour une entreprise).
Les bornes publiques gratuites des collectivités
De nombreuses communes et intercommunalités ont installé des bornes de recharge publiques, parfois gratuites, souvent subventionnées par le programme Advenir ou par les régions. Mais le modèle économique évolue : la gratuité tend à disparaître, au profit de tarifs modérés.
On trouve encore des bornes gratuites dans certains cas :
- Petites communes rurales qui misent sur la recharge gratuite pour attirer des visiteurs ou des touristes.
- Parkings municipaux (médiathèques, piscines, centres-villes) où la recharge est offerte pendant la durée du stationnement, parfois limitée à 1 ou 2 heures.
- Bornes financées par un projet expérimental, avec une phase de gratuité le temps de tester l’usage.
Comment les repérer ? Les applications de cartographie de bornes restent vos meilleurs alliés :
- Chargemap : permet de filtrer par type de tarif, commentaires des utilisateurs souvent très à jour.
- A Better Routeplanner (ABRP) : utile surtout pour le long trajet, mais signale parfois les bornes gratuites.
- Applications des syndicats d’énergie locaux (SDE, SDEG, etc.) : certaines mentionnent encore les bornes à 0 €.
Attention toutefois à un point : une borne peut être gratuite en énergie mais payante en stationnement. Sur un parking en zone bleue ou payante, vous devrez respecter les règles de stationnement, même si la recharge ne vous coûte rien.
Recharger gratuitement chez les enseignes et centres commerciaux
C’est le principal réflexe de nombreux automobilistes électriques : profiter de la borne du supermarché pendant les courses. Là aussi, les pratiques évoluent rapidement.
Plusieurs grandes enseignes ont proposé – ou proposent encore – de la recharge gratuite, sous conditions :
- Hypermarchés et supermarchés (Leclerc, Lidl, Auchan, Intermarché, Carrefour, etc.) offrent ponctuellement de la recharge gratuite ou à tarif très réduit, en particulier sur les bornes en courant alternatif (AC) autour de 7 à 22 kW.
- Centres commerciaux et retail parks installent des bornes gratuites pour rendre leur site plus attractif, souvent avec une durée maximale (1h ou 2h).
- Magasins d’ameublement et de bricolage (Ikea, Leroy Merlin, etc.) ont parfois des bornes qui restent gratuites pour les clients, même si une part croissante passe à la tarification au kWh.
Dans la réalité, la plupart des réseaux initialement gratuits passent progressivement à une facturation, notamment sur les bornes rapides DC, qui sont coûteuses à installer et à maintenir. Mais il reste des opportunités, surtout sur les bornes lentes à destination des clients.
Quelques conseils pour en tirer parti légalement :
- Vérifiez sur le site ou l’application de l’enseigne si la recharge est gratuite, payante ou réservée aux porteurs de carte de fidélité.
- Respectez les conditions d’usage : recharge pendant vos courses, durée limitée, obligation de déplacer le véhicule une fois la charge terminée.
- Évitez le « camping de borne » (laisser votre voiture 4h sur une place réservée en utilisant le minimum de services du magasin) : c’est souvent explicitement interdit, et potentiellement sanctionné.
Sur le plan légal, une enseigne est dans son droit si elle décide du jour au lendemain de rendre la borne payante, ou d’en réserver l’usage à ses clients. D’où l’intérêt de vérifier les conditions à chaque visite, y compris via les commentaires des autres utilisateurs sur les applications spécialisées.
Recharge gratuite au travail : un avantage en nature (presque) exonéré
La recharge d’un véhicule électrique sur le lieu de travail est un cas particulier intéressant. Pour les salariés, c’est souvent une recharge gratuite de fait : l’entreprise prend les coûts à sa charge.
Côté réglementation, la France a mis en place un cadre incitatif :
- Les employeurs peuvent installer des bornes et offrir la recharge gratuitement à leurs salariés sans que cela soit considéré comme un avantage en nature imposable, sous certaines conditions (dispositif prorogé et adapté à plusieurs reprises).
- Les entreprises bénéficient de déductions fiscales et aides via le programme Advenir pour équiper leurs parkings.
Pour le salarié, la question est simple : si votre employeur propose de la recharge gratuite, vous pouvez l’utiliser, à condition de respecter les règles internes (créneaux, places réservées, temps maximal, priorisation des véhicules de service, etc.).
Pour les indépendants et petites entreprises, une autre option existe : équiper leur parking privé et alimenter les bornes avec leur propre contrat d’électricité. Ce n’est pas « gratuit » au sens strict, mais le coût est souvent bien inférieur à la recharge publique, surtout si les charges sont partiellement récupérables sur l’activité professionnelle.
Les parkings gratuits avec recharge incluse
Certaines infrastructures combinent deux avantages : stationnement gratuit et recharge offerte. C’est le cas de certains :
- Parkings de hôtels (surtout les chaînes qui misent sur la clientèle électrique).
- Parkings de cinémas, salles de sport ou lieux culturels.
- Parkings relais gérés par des métropoles ou intercommunalités, où la recharge peut être incluse dans le prix du stationnement.
On parle alors plutôt de recharge « incluse » dans le service que de véritable recharge gratuite. Mais pour le conducteur, le résultat est le même : pas de ligne « électricité » sur la facture.
Ces parkings sont rarement documentés dans les grandes bases de données nationales, mais souvent bien renseignés sur des applications collaboratives et sur les sites des opérateurs de parking.
Astuces légales pour maximiser vos recharges gratuites
Même si la tendance de fond est à la facturation, il reste possible de réduire fortement son budget de recharge avec quelques réflexes simples.
- Cartographiez vos zones de vie : autour de chez vous, de votre travail, de vos lieux de loisirs, identifiez les bornes encore gratuites ou peu chères, et notez leurs horaires de moindre affluence.
- Profitez des temps « morts » : une heure de sport, de courses ou de cinéma peut suffire à récupérer une autonomie confortable sur une borne 11 ou 22 kW.
- Privilégiez les bornes AC gratuites pour le quotidien, même si elles sont plus lentes. Gardez les bornes rapides DC (souvent payantes) pour les longs trajets.
- Surveillez les offres promotionnelles : lancement d’un nouveau réseau de bornes, inauguration d’un parking, ouverture d’un magasin… Les périodes d’essai gratuit sont fréquentes, mais limitées dans le temps.
- Adaptez votre style de conduite : plus votre consommation moyenne baisse (éco-conduite, vitesse modérée, anticipation), moins vous aurez besoin de recharger, que ce soit gratuitement ou non.
Ces tactiques ne transforment pas magiquement une voiture électrique en véhicule « zéro coût », mais elles peuvent faire la différence entre un budget de recharge supportable et un budget qui s’envole, surtout si vous faites beaucoup de kilomètres.
Ce qu’il vaut mieux éviter (même si c’est « gratuit »)
À force de chercher les bons plans, on peut être tenté par des pratiques aux limites de la légalité ou du simple bon sens. Quelques exemples à éviter :
- Squatter systématiquement les bornes gratuites au détriment d’autres usagers, en laissant votre véhicule branché bien après la fin de charge.
- Utiliser la borne d’entreprise ou de magasin pour du quasi-professionnel sans autorisation (par exemple, recharger tous les jours un véhicule personnel utilisé pour une seconde activité non déclarée).
- Tenter de se brancher sur une prise non destinée au public (prise extérieure d’un bâtiment, prise de chantier, etc.) sans accord explicite du propriétaire des lieux.
Outre l’aspect éthique, ces pratiques peuvent conduire à :
- Des sanctions internes (pour les salariés).
- Des amendes ou mises en fourrière si vous encombrez une place réservée, même avec un véhicule électrique.
- Des poursuites pour vol d’électricité dans les cas les plus extrêmes.
La ligne simple à garder en tête : si la borne est clairement signalée comme accessible au public, avec des conditions transparentes, vous êtes dans votre droit. Dès que ce n’est plus le cas, demandez l’autorisation plutôt que de supposer.
Les offres « recharge incluse » des opérateurs et constructeurs
Une autre manière de recharger « gratuitement » consiste à profiter d’offres packagées, où la recharge publique est incluse pour un temps ou un volume donné :
- Certains constructeurs offrent des crédits de recharge sur des réseaux partenaires (Ionity, Allego, etc.) pour l’achat d’un véhicule neuf.
- Des opérateurs de mobilité proposent des abonnements avec un nombre de kWh inclus par mois sur leur réseau.
- Des acteurs de l’énergie (fournisseurs d’électricité) peuvent inclure des heures de recharge en station dans leurs offres packagées.
La recharge n’est alors pas « gratuite » au sens strict : elle est incluse dans le prix de votre véhicule ou de votre abonnement. Mais si vous savez optimiser ces offres (en consommant réellement les kWh inclus, sans dépassement inutile), le coût de revient peut être très inférieur au tarif standard.
Avant de souscrire ce type d’offre, posez-vous quelques questions simples :
- Combien de kilomètres faites-vous réellement par mois ?
- Combien de ces kilomètres nécessitent de la recharge publique, par rapport à la recharge à domicile ?
- Les bornes du réseau partenaire sont-elles bien présentes sur vos axes de déplacement habituels ?
Un forfait recharge très généreux mais difficile à utiliser dans vos trajets quotidiens sera rarement rentable.
Et demain ? La place de la gratuité dans un réseau en pleine structuration
La France et l’Union européenne se sont fixées des objectifs ambitieux en matière de déploiement de bornes de recharge publiques. Dans ce contexte, la logique dominante reste :
- Des réseaux payants, bien maillés et fiables, qui s’apparentent de plus en plus à un « service public industriel » (même lorsqu’ils sont privés), avec des tarifs encadrés par la concurrence.
- Une part résiduelle de gratuité, utilisée comme levier commercial ou territorial, mais rarement généralisée.
- Une incitation forte à la recharge à domicile ou sur le lieu de travail, souvent beaucoup moins chère que la recharge rapide publique.
On peut donc s’attendre à ce que les bornes 100 % gratuites deviennent de plus en plus rares, mais que les solutions de recharge à très bas coût (tarifs heures creuses, offres combinées, optimisation des contrats d’énergie) se multiplient.
Dans ce paysage, la voiture électrique reste globalement avantageuse en coût d’usage par rapport à un véhicule thermique, surtout si l’on recharge majoritairement à domicile ou sur son lieu de travail. Les bornes gratuites deviennent alors un complément opportun, plutôt qu’un pilier de la stratégie de recharge.
À retenir pour recharger gratuitement en restant dans les règles
En résumé, il est encore possible de recharger une voiture électrique gratuitement en France, mais en acceptant quelques contraintes et en restant attentif à l’évolution rapide des offres :
- Les bornes publiques gratuites existent encore, surtout dans certaines communes et parkings municipaux, mais la tendance est à la facturation progressive.
- Les enseignes commerciales restent un levier important de recharge peu chère ou gratuite, sous conditions (client, durée, carte de fidélité).
- La recharge au travail peut être une solution clé, souvent gratuite pour le salarié, dans un cadre fiscal plutôt favorable.
- Les parkings d’hôtels, de loisirs ou de centres commerciaux offrent parfois une recharge incluse dans le service, sans coût supplémentaire apparent.
- Les astuces légales reposent surtout sur une bonne connaissance du territoire, l’usage d’applications spécialisées et la combinaison intelligente des différents types de bornes.
Plutôt que de chercher la gratuité absolue à tout prix, l’enjeu devient alors de réduire au maximum le coût global de la recharge : privilégier la recharge lente à domicile ou au travail, utiliser les bornes gratuites lorsque cela a du sens, et garder les réseaux rapides payants pour les trajets où ils sont réellement indispensables.